#STOPFISHA
Notre histoire
Le 17 mars 2020, la France se confine. Du jour au lendemain, nos vies sociales se dématérialisent entièrement. Le confinement accélère la digitalisation de notre quotidien : le cyberespace se développe, les violences en ligne aussi. Sur les réseaux sociaux, les services de modération saturent et les comptes fisha explosent.
Ces comptes, qui se forment sur les réseaux sociaux, ont pour objet la diffusion de contenus à caractère sexuel de jeunes femmes, pour la plupart mineures, sans leur consentement. Sur ces images sont épinglés les noms des victimes, ainsi que leur âge, adresse, établissement scolaire, numéro de téléphone. Tout pour les retrouver. Très vite, ces comptes se créent par centaines, par région, par département, ville ou quartier. À la diffusion de ces images à caractère sexuel s’ajoutent du harcèlement et des menaces lorsque les jeunes femmes demandent à ce que les contenus soient supprimés. Des enregistrements vidéo de viols et d’agressions sexuelles sont aussi diffusés sur ces comptes.
Si les comptes fisha existaient déjà, au mois d’avril 2020, ils réunissaient une communauté de plusieurs centaines de milliers de personnes. Le groupe Telegram, le plus important, comptait à lui seul 233 000 membres.
Sur un même compte, une dizaine d’infractions pénales peuvent être recensées. Les victimes se comptent par centaines. Comme si, parce qu’on n’avait plus accès aux rues, ceux qui agressent les femmes et les personnes appartenant à des minorités de genre avaient trouvé un nouvel espace pour le faire : Internet.
Shanley Clemot McLaren, activiste féministe, a été alertée par sa petite sœur âgée de 16 ans de l’existence des comptes fisha qui touchaient des filles qu’elle connaissait de près et de loin. A partir de ce moment-là, Shanley est entrée en contact avec les victimes, les a aidées à signaler les contenus et leur a apporté un soutien. Plus les comptes se multipliaient, plus les victimes étaient en danger, plus il était urgent d’agir. Shanley lança l’alerte sur les réseaux sociaux pour exiger une réaction des pouvoirs publics et de la modération de la part des plateformes. Elle lance alors dans la foulée le hashtag #StopFisha qui a permis la création d’un mouvement entièrement digital unissant des personnes à travers toute la France.
Une partie des cofondatrices : Shanley Clemot McLaren, Rachel-Flore Pardo, Hana Outaik, Hajar Outaik, Lisa Gauvin Drillaud, Laura Pereira Diogo, Juliette Bories.
Du hashtag #StopFisha est né un collectif qui s’est ensuite structuré en une association féministe loi de 1901 cofondée par 12 femmes en novembre 2020.
Aujourd’hui, l’association #StopFisha fédère des bénévoles qui traquent et signalent les comptes fisha ; offre un accompagnement moral et juridique aux victimes de cyberviolences sexistes et sexuelles ; sensibilise aux mécanismes du cybersexisme.
Nous recevons encore chaque jour des messages de victimes ou de proches de celles-ci qui nous alertent et nous demandent de l’aide. Nous avons réalisé des centaines de signalements, tant auprès des réseaux sociaux que de PHAROS.
Nous, ses cofondatrices, nous sommes rencontrées sur Instagram et Twitter.
Nous ne nous connaissions pas. Nous avons entre 16 et 50 ans. Nous sommes avocate, étudiantes, lycéennes, salariées. Nous ne nous étions jamais vues. Alors que nous étions confinées aux quatre coins de la France, nous avons uni nos forces pour lutter, ensemble, contre le cybersexisme.